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Couverture du livre Betisier oceanien

Le Bêtisier Océanien, ce qu’il faut savoir de l’Océanie et dictionnaire des erreurs par Jean Guiart

Trois siècles d’idioties répandues de par le monde concernant l’Océanie et les Océaniens : les insulaires sont anthropophages, cruels, leurs femmes tuent leurs enfants pour obéir à des rites irrationnels, ils vivent dans la crainte de leur chefs et des sorciers ou des prêtres qui règnent sur les théories de cadavres suspendus aux arbres, utilisés comme rouleaux pour tirer les pirognes ou enfouis au pied de chaque poteau des maisons collectives.Tout est faux.

Les chefs n’ont aucun droit de vie ou de mort sur leurs sujets. Bien au contraire, c’est eux qui risquent d’être exécutés si on leur attribue la responsabilité, du fait de leur conduite en dehors des normes, des catastrophes naturelles que les dieux nous envoient comme sanctions de notre comportement : éruptions volcaniques détruisant villages et leurs habitants, inondations catastophiques, tsunamis balayant devant eux les agglomérations côtières, tremblements de terre provoquant les glissements de terrains qui emportent maisons et leurs maîtres perchés sur les hauts flancs des montagnes. C’est le chef qui est alors sacrifié et non les vierges que nos théologiens voulaient voir offrir aux nouvelles divinités carthaginoises.

Les femmes n’ont aucun besoin de recourir à l’infanticide, pas plus ici qu’ailleurs. Elles connaissent les plantes abortives, qui sont d’ailleurs plantées aux abords des villages. Le sorcier n’existe en Océanie que dans l’imagination des blancs et les histoires inventées qu’on leur raconte pour leur faire plaisir.

Les textes inamovibles qu’on doit répéter sans jamais se tromper d’un mot, sous peine de mort, sont une autre invention. Chaque groupe de descendance possède des variantes des textes traditionnels, dont les écarts vis-à-vis d’une norme qui n’existe pas correspondent à l’identité de chacun. Non seulement on peut varier dans le récit mythologique, mais on doit le faire, de manière à affirmer l’originalité et la légitimité de sa lignée. En plus, chaque récitant peut rivaliser avec d’autres dans la variété de son récit, y ajoutant des chants et des épisodes dansées, au cours des danses assises nocturnes, qui sont le lieu de ces formes d’expression et auxquelles aucun Européen n’a jamais assisté. Elles ont toujours lieu, ici ou là.

Dès qu’un blanc prétend intervenir, on lui livrera des textes secs, auxquels on a ôté tous les éléments signifiants, de telle façon qu’il sera incapable des les analyser convenablement et de comprendre jamais leur signification véritable. De même qu’avant 1900, sur la côte sud de la Nouvelle Irlande, et le long de la route coloniale allemande, les insulaires offraient à la vente de fort belles pièces de l’art malanggan, toutes neuves, d’où on avait ôté tous les élément signifiantss pour être assuré que les blancs ne comprendraient jamais. C’est bien ce qui s’est passé, partout, les blancs n’ont jamais rien compris. Alors, ils ont inventé, écrit et publié leurs inventions. D’où cet ouvrage qui vise à remettre les choses en place. On ne saura pas tout, mais au moins on saura ce qui est faux.

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